1771/08/12 - 1771/09/02  

1771, 12 août – 2 septembre  

La procédure de récolement des biens - imposée par un arrêt du Conseil d'État du roi du 21 mars 1771 - a été initiée le 12 août 1771 par les commissaires du roi Guillaume-Louis Le Gaingneulx, chanoine de l'église collégiale Saint-Aignan d'Orléans, et Denys-Robert de Massy, avocat au parlement et docteur agrégé de l'université d'Orléans. Le document, intitulé "Inventaire général de la maison conventuelle des Célestins d'Ambert", a été rédigé par les commissaires sur place en présence du prieur Charles-Sulpice Gosset, du sous-prieur Adrien-Zacharie Hubert, du procureur Edmond-Nicolas Cabillet et de deux autres religieux de la maison. Il compte 180 pages et inclut l'inventaire des livres de la Bibliothèque (p. 129-137) rédigé en présence du prieur et du sous-prieur ; les livres sont également mentionnés dans la partie consacrée aux "meubles, meublants et autres effets mobiliers dépendants de la Maison d'Ambert" (p. 112). — L'inventaire des livres de la bibliothèque commence par la description du bâtiment (p. 130) : ". . . nous sommes transportés à la bibliothèque de la maison d'Ambert dont le vaisseau est situé proche l'église et exposé au couchant et à l'orient ayant quatre ouvertures de chaque côté. . . Dans ladite bibliothèque sont dix armoires de bois de chêne contenant chacune sept tablettes et des armoires à deux battans, toutes lesdites tablettes remplies de livres, et les armoires en partie. . . et dans ladite bibliothèque s'est trouvé une grande table de dix-huit pieds de long de bois de chêne et deux grands globes, l'un céleste et l'autre terrestre ayant chacun vingt-huit pouces de diamètre, et dont les méridiens sont encerclés de cuivre, et une échelle roulante pour l'usage de bibliothèque". — Les livres de la bibliothèque sont inventoriés par matière ; ils sont tous des imprimés du 16e au 18e siècle, mais comptent aussi 8 éditions incunables (la plus ancienne date de 1482). — Parmi les livres signalés comme "les meubles et meublants" de l'église, se trouvent : - "article 3 : dix-neuf volumes in folio grand format en vélin, ornés de vignettes et fleurs en or et couleur servant au chant de l'Office divin, le tout fait à la main et de la plus grand beauté" ; - "article 4 : six autres volumes de chant in folio format ordinaire aussi en vélin, ornés de vignettes et fleurs; mais mal reliés". Les manuscrits enluminés en question sont probablement les mêmes que ceux mentionnés dans le terrier du P. Claude Proust de 1679 (cité par Pommier, p. 43), comme "très beaux livres de chant au nombre de sept pour les grandes messes seulement, un autre pour les messes votives et une douzaine d'antiphonaires, tous écrits à la main, dès l'an 1540, par le P. Guillaume Charmolue, religieux de la maison, qui font l'admiration de toute la province, tant à cause des miniatures qui les ornent, qu'à cause du caractère net et beau et du veslin bien choisi". Cette description coïncide avec le témoignage de François Lemaire qui atteste dans son Histoire des antiquités de l'église et diocèse d'Orléans (1648) que "l'on voit dans cette église d'Ambert ce qui est rare à voir, de livres de chant en grand volume, tous couverts de femelle de sanglier et escrits par un religieux de cet ordre avec des caractères très beaux sur de grand veslin enrichis de peintures couchées sur l'or si dextrement et artificieusement travaillez que tous ceux qui les voient sont contraints d'en admirer la beauté, le travail et l'invention" (p. 129). — L'inventaire général se termine à la p. 137 par la mention : "En n'y ayant plus aucuns livres dans la bibliothèque qui méritent une description particulière et dénominative, avons clos le présent inventaire et description de la bibliothèque de la maison d'Ambert. . .".  

Paris, AN, G/9/65  

inédit  

Anastasia Shapovalova, 2015