1321 - 1338  

1321-1338.  

1. Catalogue double de la bibliothèque commune du collège de Sorbonne, dont l'inventaire sommaire est précédé d'une mention en lettres rubriquées : "Isti sunt libri venerabiles collegij pauperum magistrorum de sorbona de libria [sic] communi etc.". Issu du règlement de 1321, auquel il emprunte nombre de formulations, en particulier la dénomination de "libraria communis", il est selon toute vraisemblance antérieur au catalogue de 1338. Ce dernier suppose en effet l'achèvement du catalogue de la bibliothèque commune, les mss. qui y étaient conservés étant simplement dits "cathenati". 2. Si le contenu des volumes est décrit sommairement dans l'inventaire, les oeuvres sont saisies avec toute la précision nécessaire dans le répertoire (noms de l'auteur, titre de l'œuvre et incipit du texte). L'indication en marge du catalogue de la cote du volume dont est issue l'œuvre permet en outre de s'orienter dans la bibliothèque. À terme, cette disposition a rendu obsolète l'inventaire topographique qui, de ce fait, est demeuré à peine esquissé. Il n'est pas nécessaire d'insister plus que de raison sur la richesse du catalogue et a fortiori de la bibliothèque commune du collège de Sorbonne. Rappelons qu'en marge de la théologie, la vocation du collège, elle renferme de riches collections de textes ressortissant aux arts, à la médecine et au décret, dont le catalogue se fait l'écho en déclinant des rubriques dévolues parmi d'autres aux libri grammaticales, logicales, naturales, quadriviales, medicinales et juris. Cette caractéristique suffit à dire la "visée encyclopédique" qui anime la bibliothèque commune et son catalogue à la fin du 1er tiers du 14e siècle. Elle pourvoit à la distinguer de dépôts similaires attestés dans les autres collèges séculiers parisiens. Mentionnons pour finir qu'une des rubriques apposées dans un second temps au répertoire est intitulée "Romancia vel libri in gallico", dont la première oeuvre n'est autre que le Roman de la rose. Un scribe ultérieur note sa disparition (Perditus est). 3. Exceptionnellement, il est fait état d'oeuvres conservées dans d'autres dépôts du collège. Ainsi le Doctrinale d'Alexandre de Villedieu et le Gracismus d'Évrard de Béthume qu'une main étrangère affecte à la chapelle ("in capella"). 4. À la suite de R. H. Rouse, nous considérons que le catalogue double de la bibliothèque commune nous est parvenu sous la forme d'un work in progress et non d'une copie au net. Plusieurs collaborateurs ou continuateurs du catalographe sont intervenus sur le catalogue, tous contemporains ou à peine postérieurs à Jean, afin de l'amender, plus rarement de le compléter. Trois rubriques furent ainsi ajoutées au répertoire méthodique: celles intitulées Distinctiones ad predicandum (p. 348) et Sermones usuales ad predicandum (p. 351) par un premier scribe, celle dévolue aux oeuvres de Raymond Lulle (Libri Raymundi philosophi, p. 353) par un second. On cherche cependant en vain les mss. en provenance des legs du milieu du 14e siècle. Soit que le catalogue ait été mal tenu. Soit, et c'est plus vraisemblable, qu'un autre catalogue ait pris le relais. Au plus tard le 1er avril 1438, une délibération du conseil évoque le remplacement du catalogue de la magna libraria. 5. Le catalogue double de la bibliothèque commune est attesté dans la liste de prêt de Jean Quintana du 29 décembre 1518 et dans la délibération du conseil du 13 mai 1617, parmi plusieurs mss. susceptibles d'être restaurés ou nouvellement reliés. À cette occasion, il fut selon toute vraisemblance conjoint au catalogue de 1338 (Paris, BNF, nal 99, p. 1a-222a). Les gardes anciennes conservées aux p. 349-350, [355]-[356] et [357]-[358] datent de cette époque. Au lendemain de la dispersion des mss. du collège de Sorbonne, le volume rejoignit d'abord la Bibliothèque de l'Arsenal ("Hist. fr. 855", puis "1223"), puis, entre 1924 et 1928, la Bibliothèque Nationale de France. Il y fut probablement relié entre 1920 et 1957 de cuir clair recouvrant des ais de carton. (Renseignement aimablement communiqué par Mme Marie-Pierre Laffitte, conservatrice en chef du Département des manuscrits de la BNF). 6. Dans la littérature secondaire, l'unité matérielle et intellectuelle du catalogue double de la bibliothèque commune du collège de Sorbonne a été et est toujours pour partie ignorée. Pour le détail, qu'il nous soit permis de renvoyer à notre mise au point dans Fournier, 2011, en part. p. 164-167.  

Paris, BNF, nal 99, p. 237-[358].  

Franklin, 1867-1873, 1, p. 304-306 (Paris, BNF, nal 99, p. 247a-248a: la Doctrina tabule et la table du répertoire);Delisle, Cabinet 3, p. 72-79, n° 2 (Paris, BNF, nal 99, p. 237a-244a: l'inventaire sommaire) et p. 79-114, n° 3 (Paris, BNF, nal 99, p. 249-347: la Doctrina tabule et le répertoire méthodique; il n'est pas rare que l'auteur réduise certaines listes d'oeuvres, jugées par trop répétitives [lettres, sermons, etc.], notamment des Pères de l'Église [Augustin, Jérôme, etc.] mais aussi de théologiens scolastiques [Bernard de Clairvaux, etc.]. Il introduit en outre les intitulés des rubriques dans le corps du texte, alors que dans le ms., ils sont réunis dans la table qui suit immédiatement la Doctrina tabule ou font office de titre courant, les premiers ne concordant pas nécessairement avec les seconds).  

Gilbert Fournier, 2012