1546  

1546, juin  

« Inventaire des meubles et livres trouvés à l'évêché et au château de Lucenay après le décès de Mgr Jacques Hurault (1546) » conservé aux Archives Départémentales de Saône-et-Loire, porte sur la couverture un titre en italien "Inventario de mobili trovati nelle casa di vescovato … Lucene L’évêque" (ce titre manuscrit provient probablement de l’époque de l’activité de successeur de Jacques Hurault, Hippolyte d'Este (Cardinal de Ferrare). L’inventaire décrit les biens meubles conservés à Lucenay-I‘Evêque, un château fort en possession des évêques d'Autun (barons de Lucenay) depuis le 9e s.
L’inventaire est écrit sur papier, compte 72 pages et inclut les biens meubles, les livres et l’inventaire des titres. La procédure commence le 20 juin 1546 au soir (ce que permet de supposer le décès de l’évêque en juin de 1546 ; Jacques Hurault est décédé à Blois), menée par Lazare Ladone, Lieutenant général du baillage d’Autun, en présence de Jacques Bernard et Odo Des Molins, advocat et procureur du Roy du baillage d’Autun, Jacques Gorlet notaire royal, Guillaume Gillet, chanoine et scelleur d’Autun, Jehan Godeffroy, serviteur de Jacques Hurault, Vincent de Montjasson et Sebastien Grymon concierge de la maison épiscopale, sergents royaux du baillage d’Autun.
L’inventaire de livres commence à la p.11 (28 juin 1546) : « Les livres trouvés en La Librairie de Levesche par monsieur le Lieutenant … Laquelle Librairie a este entièrement remplie de plusieurs livres tant de théologie, droict canon que daultres assis sur popitres ».
Au total l’inventaire compte 200 titres (certains sont en plusieurs volumes), sur 23 pages ; les items ne sont pas numérotés. Les livres sont posés sur les nombreux pupitres (niveaux « hault » et « bas »). Les différentes précisions sont données pour distinguer les imprimés, les manuscrits, il y aussi un groupe important des livres sans précision. On voit aussi l’usage par les rédacteurs d’inventaire de « [livre] superscript » et d’« [livre] intitulé ». Peut-on supposer qu’il s’agit de livres qui ont une inscription sur la reliure et de livres qui ont un titre (sur le 1er feuillet par exemple), ou bien il s’agit de la différence entre les imprimés (« intitulés ») et les manuscrits (« superscripts ») ? Quelques items sont décrits sans titre (par ex., « ung petit livre écrit à la main »). La taille (petit, grand) et le support (parchemin, papier) sont mentionnés assez souvent, mais les reliures et le décor ne sont jamais précisés.
On y trouve 13 items décrits comme « écrits à la main », 8 items désignés comme « imprimés » (dont 1 « semblant imprimé »). Le nombre de manuscrits a dû être plus important ; par exemple, « ung livre en parchemin intitulé Liber omeliarium Beati Gregorii pape » semble d’être un manuscrit (pas d’exemplaires des Homiliae de Gregorius I Magnus imprimés sur vélin connus à ce jour cf. l’ISTC et GW).
La Librairie de Lucenay contenait plusieurs livres juridiques (droit canon), les œuvres de Pères d’Eglise et de la théologie, un seul bréviaire (usage de Paris), mais aussi les œuvres de Cicéro, Sénèque, Josephus Flavius, Aule Gelle, Plato, Boccace, Flavius Blondus, Pico de Mirandola, Nonnius Marcellus. Plusieurs sont décrits comme les livres « en parchemin ».
Le sort des livres de Lucenay n’est pas connu. Fort probable qu’une grande partie de ces livres est arrivée à la bibliothèque municipale d’Autun au 19e s. (passant par le chapitre cathédral de Saint-Lazare d’Autun et ensuite par le grand séminaire d’Autun). Le château de Lucenay a été abandonné au 18e s. et démoli en 1824.  

BMMF omis  

Mâcon, AD de Saône-et-Loire, 2 G 357  

en cours, à paraître dans ThecaeLab  

Anastasia Shapovalova, 2025